Saint Colomban – Missionnaire intrépide

Il y a plus de mille ans, vers 590, une poignée de moines irlandais quittaient leur île peuplée de saints et de savants pour aller faire leur « pèlerinage pour le Christ » une coutume de l’idéal monastique irlandais sur les terres du continent européen. Leur épopée à travers les pays actuels ; France, Allemagne, Suisse, Autriche, et nord de l’Italie, allait se révéler comme une mission prophétique et un extraordinaire témoignage de la Bonne Nouvelle. Ils réévangélisèrent l’ancienne Gaule retombée dans le paganisme et les pays germaniques au sortir de la période troublée des invasions, donnant naissance à une quarantaine de monastères et purifiant les mœurs de l’Eglise.

Leur guide, le moine Colomban, était alors âgé de cinquante ans lorsqu’ils partirent à l’aventure; Colomban ne reviendra jamais chez lui, passant ses vingt cinq dernières années sur les routes, de fondation de monastère en fondation, terminant ses jours à Bobbio, en Italie. Il allait, avec ses disciples, laisser une trace profonde en Occident, encore visible et vivante aujourd’hui.

De l’Asie à l’Amérique

Il existe tout un réseau culturel et chrétien se référant à St Colomban, une fraternité de prière, et, même dans l’esprit missionnaire des fondateurs, une congrégation apostolique récente, celle des Pères de St Colomban qui œuvre en Asie. D’abord envoyé en Chine au début de xxe siècle, ces prêtres missionnaires, irlandais à l’origine, originaires maintenant des pays asiatiques, sont présents dans quatorze pays, de la Chine aux Philippines, de la Corée au Pakistan, des Fidji à l’Amérique du sud.

Anse Duguesclin où débarqua St Colomban
Aquarelle de Janyk

Plus prosaïquement, le saint irlandais a laissé son nom à de nombreux lieux, communes, plages, ermitages, abbayes et églises en Bretagne. La commune de St Coulomb, près de St Malo, tire son nom de l’anse où débarqua le moine vers 590. Un col des Grisons que traversa le moine à la fin de sa vie, le Septimer, est dominé par un lac et un pic de Colomban.
En 2008, on a placé au col une plaque de bronze « St Colomban 540-615, Bangor-Luxeuil-Bobbio » balisant un chemin de pèlerinage récent sur les pas de St Colomban. Le jumelage de la ville irlandaise de Bangor, là où vécut le jeune moine Colomban, près de Belfast, avec celle de Bregenz, sur la rive autrichienne du lac de Constance, où un disciple de Colomban fonda la grande abbaye de St Gall, est aussi un lointain héritage du saint.

Robert Schuman, pionnier de l’Europe, voyait en St Colomban, « le saint patron de ceux qui cherchent à construire une Europe unie » et fraternelle.

A l’époque mérovingienne où vécut le moine, on ne parlait pas encore d’Europe, mais le saint homme en eut l’intuition.. On lui doit la première mention écrite vers l’an 600,dans une lettre adressée au pape Grégoire le Grand de « totius Europae » « de toute l’Europe ». Quant à lui, il eut affaire de son temps à plusieurs royaumes francs, sans cesse en guerre entre eux, au Roi d’Austrasie, à l’est de la France actuelle, au roi de Neustrie et de Bourgogne,à celui de Lombardie.

Intransigeant, le moine s’était opposé aux meurs d’une partie du clergé et à ceux de la reine Brunehaut et de sa famille. Cela lui valut beaucoup de mésaventures. Au départ il fut bien accueilli par le roi d’Austrasie qui lui concéda une pauvre terre au sud des Vosges, à Annegray, sur un vieux site romain.Il y avait en effet alors un vaste désert nommé Vosge ,dans le lequel se trouvait un château ruiné que la tradition des anciens appelait Anagrates. C’est là qu’il s’établit avec les siens, écrivit un des disciples de Colomban.

En peu de temps, les douze moines avaient construit un petit monastère, défriché et attiré de nombreuses vocations. Ils durent fonder ailleurs et ainsi naquit la grande abbaye de Luxeuil, centre du rayonnement de la règle monastique colombanienne, sévère et centrée sur la pénitence et la confession quotidienne.

Cette règle austère se mêlera bientôt à la règle de St Benoît pour ne faire plus qu’une. Colomban resta presque 20 ans à Luxeuil, ce qui ne l’empêcha pas de courir les routes. On lui doit les monastères de la Brie, Jouarre et Faremoutiers près de Melun, habités par des bénédictines, lui et ses disciples fondèrent quinze monastères dans le diocèse de Meaux.
Colomban fut très actif sur le continent, jusqu’à ce que le pouvoir en place ne le trouve trop gênant et le condamne à l’exil en 610.

La dernière Mission

Parti de Nantes pour gagner l’Irlande, la barque fut repoussée à terre par la tempête et le capitaine, voyant un signe du Ciel, refusa de faire traverser les moines. Colomban décida alors de repartir en mission sur le continent pour une deuxième épopée il avait 70 ans.

Cette fois les moines remontèrent le Rhin, atteignirent la Suisse, convertissant le peuple Alaman. Devant fuir à nouveau les foudres de la reine Brunehaut, Colomban passa en Italie chez les Lombards, convertissant le roi qui était “arien” hérésie du christianisme qui touchait un grand nombre de l’élite franque et germanique. Le roi lui donna une terre à Bobbio, où l’abbaye de Colomban allait devenir l’un des plus grands centres spirituels et culturels d’Europe. C’est là qu’il mourut le 23 novembre 615.

Par Agnès Couzy,
pour la revue : Les Veillées des Chaumières

  • Fête de St Colomban le 23 novembre
  • En novembre 2011, le pape Benoît XVI a officiellement reconnu St Colomban comme le saint patron des motocyclistes du monde.
  • Une croix à l’emplacement où débarqua le Saint est érigée en bordure de la plage Duguesclin
  • Le pardon de St Colomban à lieu tous les ans dans le mois de juillet, autour de la croix
  • Une association locale : « Les Amis Bretons de Colomban » 35350 St Coulomb
  • Contacts : Tel: 02 99 89 49 27 – 02 99 89 02 67 – 02 99 58 68 41

Église St Colomban de Saint-Coulomb